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Témoignage d’une masseur-kinésithérapeute : une journée dans la vie de Delphine, MKDE dans le Haut-Rhin

Rédigé par Paul-Arthur Petit | 7 déc. 2022 07:00:00

D’après le rapport “DÉMOGRAPHIE DES KINÉSITHÉRAPEUTES” publié en 2020 par l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, 50,6% des kinés en France sont désormais des femmes (soit plus de 45.000 praticiennes), avec un métier exigeant et physique.

Delphine, MKDE qui a créé son cabinet dans le Haut-Rhin en 2018, nous a ouvert ses portes pour parler d’un sujet d’actualité : le surmenage chez les masseurs-kinésithérapeutes.

Le surmenage est un sujet qui touche particulièrement les MKDE. D’après une récente étude menée par la CARPIMKO (caisse de retraite des kinés), 52,8% des masseurs-kinésithérapeutes se sentent personnellement menacés par l’épuisement professionnel. Ce métier, en plus d’être physiquement exigeant, ajoute une pression mentale conséquente pas toujours facile à gérer en parallèle d’une vie personnelle déjà bien chargée avec parfois des enfants à gérer. 

Avec une demande toujours plus forte de soins de qualité, de nouvelles exigences des patients et une vie personnelle bien remplie, il est indispensable que ceux-ci soient alertés sur le risque de surmenage et sur les solutions existantes pour faire évoluer leur exercice et préserver leur qualité de vie

Pour vous aider à améliorer vos conditions de travail et trouver des solutions pour éviter l’épuisement professionnel, nous avons pris le temps d’échanger avec Delphine, masseur-kinésithérapeute diplômée en 2008 après une reconversion professionnelle en tant que professeur d’EPS. Elle a ouvert son propre cabinet en 2018 à Riedisheim (Haut-Rhin) dans un pôle de santé. Delphine est formée à la méthode posturale selon Busquet et également en rééducation périnéale.

 

Bonjour Delphine, pouvez-vous nous décrire votre journée type de MKDE au cabinet  ? 

Je commence mes journées en arrivant au cabinet à 8h30, je m’installe et prépare le matériel pour mes séances de la matinée. Avant que mon premier patient n’arrive à 9h et parce que je n’ai pas de secrétaire, j’ouvre mes mails, j’écoute mes messages, je commence également, si j’ai le temps, à passer quelques appels. Une fois passé ce petit moment de “calme” où je suis seule, la journée démarre pleinement !

J’ai fait le choix de ne me consacrer qu’à 1 patient à la fois sur des créneaux de 30 minutes. Je peux parfois avoir des doublons sur un créneau mais c’est de manière occasionnelle.

J’enchaine donc durant la matinée de 9h à 13h, 8 patients.  

À partir de 13h, je prends 1h de pause durant laquelle je réponds aux appels téléphoniques du matin. Je mange en principe très rapidement pour effectuer le maximum d’administratif durant cette pause du midi. 

L’après-midi, je reprends à 14h jusqu’à 19h avec en tout 10 patients. Une fois le dernier patient parti, j’écoute de nouveau les messages du répondeur, je gère tout l’administratif : factures, rejets, ménage, gestion des problèmes incombants au local, aux logiciels, à l’entretien courant, aux petits travaux, les demandes de devis…

En plus de mes 18 patients reçus en moyenne à la journée, j’ai donc encore entre 30 minutes et 1h de travail en plus en fin de journée. 

Quelles sont les conséquences de ce rythme et de cette charge de travail au quotidien ?

En créant mon cabinet en 2018, je savais que la charge de travail serait plus importante et qu’il allait forcément y avoir des concessions à faire. J’ai par exemple beaucoup diminué mes activités sportives car je n’ai plus l’énergie de les faire après une journée de travail.

C’est aussi difficile d’avoir l’esprit libre, j’ai vraiment la sensation d’avoir “la tête dans le guidon”. Je suis habituée à beaucoup travailler, je reviens parfois même le week-end au cabinet pour terminer certaines choses ou faire des travaux divers par manque de temps libre la semaine. 

Tous ces petits tracas empiètent évidemment sur mon temps de repos et j’ai parfois l'impression de passer à côté de choses importantes à cause de ces journées surchargées.

Aussi, d’un point de vue physique, avec une grande part de thérapie manuelle dans mes soins, je finis par avoir des douleurs de plus en plus gênantes au quotidien. Au fil des jours, ces douleurs s'accumulent et ce n’est pas simple de les gérer.

 

Avez-vous remis en question votre choix de vous orienter dans le métier de MKDE ?

Physiquement, mentalement, je suis sollicitée à 100%. Et à un moment j’ai dit stop car je souffrais trop les journées où je cumulais plusieurs séances exigeantes en thérapie manuelle. J’ai eu d’intenses douleurs aux poignets, aux mains et aux épaules. 

Aussi, la tension de la gestion du cabinet à côté qui ajoute de la fatigue physique et mentale devenait compliquée. Cette surcharge au quotidien a fait que je n’arrivais plus à apprécier à sa juste valeur ce métier qui pour moi est une vraie passion. 

 

Le surmenage est une vraie problématique pour les masseurs-kinésithérapeutes. Une demande de soin de qualité qui ne fait que croître, ainsi que toute la gestion du cabinet au quotidien qui prend sur le temps personnel. Cette charge mentale ne permet pas toujours de travailler dans de bonnes conditions mais il existe des solutions pour réduire cette fatigue et cette lassitude grâce aux solutions innovantes LPG.