La prévalence des pathologies chroniques a augmenté de 14,6 % en 2008 à 17,8 % en 2021 selon la Drees (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). Un chiffre qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs : le vieillissement de la population, les habitudes et conditions de vie et de travail, les différentes pollutions de l’environnement…
Pour agir et améliorer la vie de ces patients, voire consolider leur autonomie, la kinésithérapie apparaît comme un traitement efficace, dans une approche centrée sur le besoin des patients. Mais dans le même temps, cela présente plusieurs défis pour les masseurs-kinésithérapeutes : gestion du planning, suivi sur le long terme, investissement humain pour (re)motiver les patients, coût financier… Focus sur les enjeux de prise en charge des pathologies chroniques par les MKDE.
L’importance des affections de longue durée en kinésithérapie
Environ 30 % des actes pratiqués par les kinésithérapeutes sont liés à une maladie chronique, appelée aussi affection longue durée (ALD). Il s’agit souvent de patients qui consultent au moins une fois par semaine, souvent sur un temps long. Pour soulager leur douleur, le masseur-kinésithérapeute peut mobiliser plusieurs de ses compétences et divers outils : massage, électrothérapie, balnéothérapie… Le plus souvent, ces méthodes sont associées à des exercices musculaires, des étirements et des mobilisations.
«Notre rôle est de ralentir, de stabiliser ou de diminuer les symptômes de la pathologie. Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur l’éducation thérapeutique, soit la prise de conscience par le patient de ce qu’il a et de comment agir au mieux pour traiter sa maladie. » explique Loup Juan de Mendoza, masseur-kinésithérapeute.
L’éducation thérapeutique a pour but d’aider les patients, mais aussi leur entourage, à collaborer ensemble et à assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge.
Un parcours de soins adapté aux maladies chroniques
La relation entre le patient et le masseur-kinésithérapeute est centrale. Elle s’inscrit dans un parcours de soins personnalisés, souvent à long terme et multidisciplinaire, afin de suivre méthodiquement l’évolution de la maladie chronique et sa douleur associée.
Cependant, pour le kinésithérapeute, cela nécessite de relever plusieurs défis : « Il est important de faire preuve d’empathie tout en faisant face aux croyances et au vécu du patient qui a parfois des difficultés à renoncer à ses habitudes. Dans le même temps, il faut s’adapter au stade d’évolution de la pathologie et établir un programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) en réalisant un bilan, en définissant des priorités d’apprentissage, en planifiant des séances et en évaluant les compétences acquises. »
Toutes ces étapes demandent du temps aux kinésithérapeutes qui (souvent) en manquent cruellement, ceux-ci devant aussi prodiguer des conseils, notamment sur la pratique d’une activité physique adaptée à leur état de santé.
« Certaines séances sont mises à profit pour échanger et faire de l’éducation thérapeutique, sans faire de réelle rééducation. Mais beaucoup de praticiens en libéral ont des difficultés à dégager du temps, ce qui peut être perçu comme chronophage car leur planning est déjà surchargé. Pourtant, cette étape est décisive car elle permet d’augmenter l’autonomie du patient et d’optimiser la réussite du traitement. », conclut le masseur-kinésithérapeute.