Le confinement mis en place le 17 mars 2020 a entrainé des modifications de l’organisation du travail avec notamment le déploiement massif du télétravail. Une étude publiée le 9 octobre 2020 dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire a mesuré les effets de la modification de l’organisation du travail liée au confinement, sur la survenue et l’évolution de la lombalgie (1). 3 224 personnes en activité ont été interrogées sur leur situation de travail pendant le confinement et leurs symptômes du bas du dos (courbatures, douleurs, gêne), avant et à l’issue du confinement.

 

 

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Parmi les travailleurs qui ne souffraient pas de lombalgie avant le confinement (2 113 personnes), 10,4 % en avaient développé une à l’issue du confinement. Cette proportion variait selon la situation de travail avec un taux de 16% chez les personnes qui avaient commencé le télétravail à cause du confinement. Par ailleurs, les personnes qui souffraient d’anxiété et celles qui avaient un logement exigu ou induisant de la promiscuité, avaient également un risque significativement augmenté de développer une lombalgie pendant le confinement, à situation de travail égale, en comparaison à celles qui n’étaient pas dans ces situations. Parmi les travailleurs qui souffraient de lombalgie avant la mise en place du confinement (1 111 personnes), la majorité déclarait que leurs problèmes au niveau du bas du dos étaient inchangés.

Dans cette étude, il était observé que la susceptibilité à développer une lombalgie différait entre les personnes rôdées au télétravail et celles brutalement et involontairement installées en télétravail. Malgré les guides existants sur la bonne ergonomie du poste, il n’est pas toujours aisé pour les travailleurs d’accéder à cette information et d’aménager leur poste de travail de façon ergonomique à domicile (travail sur ordinateur portable, absence de bureau…).

Ainsi, 43 % de télétravailleurs d’un échantillon de salariés du secteur privé déclarant que le télétravail en période de confinement avait eu un impact négatif sur leur santé physique, rapportaient que leurs postures de travail s’étaient dégradées pendant le confinement.

En outre, les résultats de cette étude ont montré une association entre l’exiguïté ou la promiscuité du logement et l’incidence de la lombalgie et tendent à confirmer l’intrication entre l’état psychologique d’une personne et la survenue de la lombalgie.

 

 

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Une conférence digitale (2) animée par Christian Gagnière, directeur médical et scientifique chez LPG® Systems et intitulée « télétravail, mal de dos et risques physiques : apport de la kinésithérapie » a été organisée le 26 novembre dernier pour faire le point sur le sujet avec 3 experts :

Sébastien Guérard, président de la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR) a souligné : « La démocratisation soudaine du télétravail a exacerbé les problématiques déjà connues dans le monde du travail. Nous avons aujourd’hui une nouvelle catégorie de patients que nous devons traiter et prendre en charge »

Jean Bernard Fabre, Fondateur et Président directeur général du Centre de Recherche HumanFab, spécialisé dans l’analyse du mouvement humain, a évoqué les effets délétères de la sédentarité sur la santé.

« Avec l’émergence du télétravail, il y a de plus en plus de douleurs du rachis. En télétravail, on peut passer plus de 3h30 assis sans faire de mouvements et travailler pendant plus de 8 heures au total (contre 6h30 en moyenne en présentiel). On a moins la notion du temps et moins d’interactions avec les collègues. Il faut adapter les postes de travail pour limiter les risques de troubles musculosquelettiques (TMS)…

 

 

À force de passer du temps assis, la tonicité des muscles responsables de la position droite diminue accentuant la courbure (cyphose) et les zones de pressions au niveau de sacrum et du rachis, le retour veineux ne se fait plus correctement favorisant un œdème dans les membres inférieurs, la douleur peut s’installer ainsi au niveau des lombaires ou des membres inférieurs. Il peut aussi y avoir de l’inconfort et de la douleur au niveau cervical, du coude ou du poignet. En outre, la diminution de la dépense énergétique et de l’oxygénation cérébrale conduit -à terme- à une baisse des performances cognitives (vitesse de réflexion, fatigue, attention, ...)

Heureusement il existe des solutions ! Dans les préventives, il faut favoriser le mouvement, adapter le poste de travail et utiliser des outils ergonomiques. Dans les solutions curatives, le rôle du kinésithérapeute est central. Il dispose de ses mains (massage), du ballon et autres outils permettant un renforcement musculaire. Parmi ces outils, HUBER 360® permet en plus des étirements et un travail neurocognitif. »

 

Système de rééducation équilibre - HUBER 360® EVOLUTION - LPG SYSTEMS -  informatisé

 

Pascal Desbois, Président de Kiné France Prévention, Fédération d’associations départementales ou régionales composée de kinésithérapeutes formés à la prévention en santé publique et en santé au travail (350 à 400 intervenants sur l’ensemble du territoire national et Outre-mer).

« Le rôle du kinésithérapeute est d’intervenir dans la promotion de la santé, dans la prévention, l’éducation et la rééducation. Il faut savoir que 87% des maladies professionnelles sont les TMS et que 10% des salariés sont porteurs de maladies chroniques avec un besoin d’accompagnement spécifique. Le kinésithérapeute est un expert du corps, du mouvement et du corps en mouvement. On connait bien les facteurs de risques du travail prolongé sur écran : douleurs posturales et TMS, fatigue visuelle, stress. Ces facteurs sont interdépendants.

 

 

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Pour palier la lombalgie chronique, il faut : 

  • Gérer l’environnement et l’organisation du travail (s’installer correctement dans un lieu approprié, reconstruire au mieux la journée que l’on vit au bureau habituellement),
  • ménager le poste de travail (réglage de l’écran, du siège et du clavier),
  • Favoriser la mobilité et les mouvements préventifs (bouger, faire des pauses, s’étirer)
  • Prévoir un management adapté pour éviter l’isolement du travailleur.

 

 

 

Pour conclure, le télétravail est une occasion d’être acteur de sa santé. Si on en prend conscience, cela permet de développer et de renforcer des capacités d’adaptation physiques et psychiques pour faire face à des situations inhabituelles ou inattendues et souvent très contraignantes ».

Au vu des évènements sanitaires, le rôle du kinésithérapeute devient de plus en plus important dans la prise en charge des pathologies liées au télétravail.

 

 

Sources :

1. Étude de la survenue et de l’évolution de la lombalgie selon la situation de travail pendant le confinement liéà l’épidémie de Covid-19, du 17 mars au 10 mai 2020, en France métropolitaine. Emilie Chazelle et coll. BEH N° 26. Santé publique France. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/26/2020_26_1.html

2. Télétravail, mal de dos et risques physiques, atelier digital LPG Systems. https://youtu.be/C5bFS_rZcC0

3. https://kinefranceprevention.fr/

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