«Obligatoire pour tout traitement thérapeutique, le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) permet d’établir un plan de soins complet et individualisé, d’échanger avec son patient et d’assurer la liaison avec le médecin prescripteur », comme l’explique ameli.fr, le site de la sécurité sociale. Dans ce nouvel article, nous allons vous expliquer pourquoi ce bilan est important pour le masseur-kinésithérapeute, en compagnie d’un invité plus que concerné, puisqu’il est lui-même masseur-kinésithérapeute : Éric Hombourger.

Comment le bilan est-il formalisé en France ?

La réalisation d’un bilan diagnostic kinésithérapique est obligatoire depuis le Décret n°96-879 du 8 octobre 1996 et rémunéré depuis 2018.

Le masseur-kinésithérapeute est tenu d’établir un bilan qui comprend le diagnostic kinésithérapique, les objectifs de soins, et le choix des actes et des techniques qui lui paraissent les plus appropriés.

En effet, le bilan est l'évaluation initiale des déficiences fonctionnelles du patient. Cet état des lieux en début de traitement est essentiel puisqu’il permettra de connaître l’évolution du patient et donc de lui apporter une source de motivation en lui montrant ses progrès.

Par ailleurs, ce BDK est un document obligatoire et protecteur : « Il permet au masseur-kinésithérapeute de rassembler les éléments relatifs à la description du protocole thérapeutique et donc de se protéger en cas de contestations du traitement » explique Éric Hombourger. Bon à savoir : le BDK est le seul document officiel permettant de prouver la prise en charge effectuée par le masseur-kinésithérapeute. Et il peut être à tout moment contrôlé par la sécurité sociale.

Combien coûte un bilan ?

Les tarifs d’un bilan établis par la sécurité sociale varient selon les cas, en fonction du type de bilan, de la zone du bilan et du nombre estimé de séances qui seront nécessaires.

Le site ameli.fr détaille : « Depuis le 1er juillet 2018 et l’avenant 5 à la convention nationale des masseurs-kinésithérapeutes, le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) lié au traitement de rééducation et réadaptation fonctionnelle a été revalorisé à hauteur de 10,7 AMK (23,01 €) et le BDK lié au traitement de rééducation des conséquences des affections neurologiques et musculaires (en dehors des atteintes périphériques radiculaires ou tronculaires) à hauteur de 10,8 AMK (23,22 €).

Éric Hombourger précise : « On facture le bilan dès la première séance,et d’ailleurs peu importe le nombre de séances à faire le bilan se doit exister , dès lors qu’une rééducation est prescrite. »

Dans le cadre d’un traitement de rééducation neurologique et musculaire, il faut attendre la 60ème séance pour refaire un BDK, puis toutes les 50 séances.

Dans le cadre d’un traitement de rééducation et de réadaptation fonctionnelle (figurant au chapitre II ou III de la NGAP), le bilan suivant est facturable à la 30ème séance, puis toutes les 20 séances.

« C’est important pour nous qu’il soit passé payant car un bilan, c’est du temps, et du temps, c’est de l’argent. Plus concrètement, c’est aussi de la trésorerie qui va nous permettre de faire vivre notre cabinet indépendant. Cela peut nous aider à acquérir des outils plus performants, à diversifier les activités, à nous former sur d’autres pratiques, pathologies, savoir-faire et donc à pouvoir prendre en charge d’autres types de patients. Et puis finalement : on est payés pour notre travail, comme tout le monde non ? mais il faut le faire vraiment. » avance Éric Hombourger.

bilan-masseur-kinesitherapeute

Comment ce bilan favorise-t-il une meilleure collaboration entre prescripteurs et masseur-kinésithérapeute ?

Le masseur-kinésithérapeute doit envoyer la fiche synthétique du bilan dès le début du traitement. Le BDK devenant dès lors un support privilégié d’échanges et d’informations entre le masseur-kinésithérapeute et le médecin (ou autres professionnels de santé impliqué) permettant de coordonner leurs actions à tous et d’établir un lien de confiance. « Le médecin prescripteur a le droit d’intervenir pendant le processus de soin et demander un changement de protocole ou son interruption dans le cadre d'un suivi pluridisciplinaire » ajoute Éric Hombourger.

De rajouter : « Le BDK est également enrichi au fil du traitement, on peut donc échanger avec le médecin sur ce qui a justifié que l’on fasse des modifications thérapeutiques par rapport à ce qui avait été prévu, et dans un sens, cela va valoriser les résultats obtenus par rapport à l’objectif final. »

Le site ameli.fr précise aussi : « La fiche de synthèse permet au médecin de disposer des informations essentielles sur la prise en charge du patient et de valoriser ainsi l’intervention du masseur-kinésithérapeute en tant qu’acteur de santé de proximité ».

En effet, comme le dit Eric Hombourger : « Notre action est primordiale dans la réussite de remise en forme du patient. Ce BDK, c’est un moyen de communication précieux avec d’autres professionnels de santé. Lorsqu’on fait un bilan très complet avec nos outils et notre expertise, on devient concrètement un spécialiste du bilan. »

Comment le bilan aide le professionnel à mieux adapter son traitement ?

« Je pars du principe que je ne soigne pas une pathologie seule et isolée mais je soigne une personne dans sa globalité qui a une entorse. Le bilan va m’aider à construire un traitement adéquat à l’entorse de ce patient-là précisément et de ses objectifs ou de ses besoins personnalisés ». 

Pourquoi de nombreux masseurs-kinésithérapeutes n'ont malheureusement pas le temps de faire ce bilan ?

Ce bilan, c’est la phase préparatoire à la construction de son traitement « mais tout cela prend du temps … et du temps, le masseur-kinésithérapeute n’en a pas » constate Éric Hombourger, « et hélas, beaucoup de masseurs-kinésithérapeutes vont partir tout de suite sur la pathologie sans passer par la case bilan. En fait, on est débordés : comme la demande est très forte, les patients se succèdent et le temps imparti pour faire le bilan se réduit. Or si le bilan n’est pas fait, on risque de passer à côté des vrais problèmes, de traiter les mauvaises choses et donc de ne pas avoir les résultats escomptés j’oblige mon secrétariat à ne donner des rendez-vous que si le bilan fait sauf urgence respiratoire ,douleurs invivables et stress pathologique».

Par ailleurs, le masseur-kinésithérapeute peut manquer d’outils pour réaliser de façon optimale et efficace cette première phase du bilan fonctionnel. « Aussi, avoir des outils complémentaires nous font gagner du temps. Ils vont automatiser des bilans, nous permettre d’imprimer les résultats, de suivre les évolutions, etc. C’est indispensable pour moi aujourd’hui », témoigne Éric Hombourger.

 

Le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) est donc important car c’est la première étape de prise en charge d’un patient par un masseur-kinésithérapeute. Le but : connaître l’histoire du patient pour comprendre l’histoire de sa pathologie, faire l’état des fonctions de la personne localement et généralement. Le bilan va conforter ou non le diagnostic du médecin prescripteur mais surtout, il va permettre au masseur-kinésithérapeute de proposer un traitement pertinent.

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